Les verbes contrariés étaient tous attablés
Mégotant un à un, face à un nom commun
Sur leur vie conjuguée trop souvent au passé
Et ces termes d’emprunts, les épargnant défunts.
« Inspirer » démuni et le cœur mal assis
Entonna le débat avec perte et fracas :
« Le passé m’a tout pris, m’a coupé l’appétit
Mes quatrains sont à plat ! Il nous mène au trépas ! ».
L’expression enjouée, « Raturer » se gaussait :
Pour ma part les enfants, je le trouve exaltant
Il a l’art de passer d’une peine effrénée
Aux sourires d’antan qui me rendent vivant !
Silencieux, dans son coin « Aspirer », mal-en-point
Ayant perdu la voix dans tous ses autrefois
Malgré tout prit le soin de répondre en témoin :
« Sans être un rabat-joie, j’ai réprouvé la foi ! ».
« Conjuguer » se levant, renforça l’inquiétant :
« Moi je suis possédé ! Le Futur censuré
Je n’ai plus le mordant d’embrasser le Présent !
Le pouvoir du Passé me condamne à errer ! »
Circonspect, « Rimailler » intervint irrité :
« N’êtes-vous ingénieux qu’en vos cris insidieux ?!
Ce que vous omettez sans le moindre regret
C’est le simple précieux qu’est le Mot, même gueux !
Vous pleurez votre sort récusant d’avoir tort
Accablant le Passé, bannissant ses attraits
Reconnaissez alors et ceci sans effort
Que vos vaines pensées chassent nos Désormais ! ».
Le silence en amont fit offrande d’affront
Les verbes blêmirent, se turent en soupirs.
Et s’il avait raison ? Qu’en pensait la passion ?
C’est alors que « Suffire » aux aguets, feint de rire :
« Vous croyiez mes amis posséder l’alchimie,
Vous viviez sans compter sur « l’acquis » d’exister
Fatigués aujourd’hui, vous pleurez la survie
Mais il n’est plus navré que mon cœur impliqué !
Vous frôlez le dédain abattant nos « Demain »
Omettant l’essentiel : l’Ecrit est immortel !
L’imparfait d’un chagrin vaut tout l’or d’un matin
Tant que brille à l’appel l’âme inconditionnelle ! »
Le Nom commun présent se leva lentement
Influant l’attention de ses hôtes, grognons :
« Je vous prie, un instant de jauger vos tourments
N’étant qu’un simple nom, ne ferai de sermon !
On m’appelle « l’Espoir » mais aussi : « Soif d’y croire »
Aussi vieux que le Monde et vos tristes secondes
J’erre en tout oratoire et les moindres histoires
Pour que seul l’Amour gronde en vos vies infécondes.
Le Passé, mes petits, n’est autre qu’un ami
Soucieux d’être entendu mais surtout reconnu
Il arpente vos cris, combattant l’incompris
A mon cou, suspendu, Lui connaît la Vertu !
Qui pourrait se vanter d’être et d’avoir été
Sans l’appui bienfaiteur du Passé en son cœur ?
Qui pourrait affirmer qu’Aujourd’hui n’est passé
En sachant que chaque heure s’en va et se meurt ? ».
L’air serein revenu, les regards rabattus
L’espoir se fit petit, dans son coin recueilli
Quand d’un bruit impromptu, le calme fut rompu
Le poète alangui, de sa plume, écrivit :
« Ô muse de mon cœur, n’avez-vous en vos yeux
Le plaisir des valeurs, ce qui nous fit heureux ?
Auriez-vous oublié, l’Eternel en nos mains ?
L’encrier dépeuplé, sans votre âme, s’éteint. »
Catangèle