Au temps d'écriture et de saisons
Le manque tremble oui. Et la douleur s’émerveille toujours un peu plus à me reconnaître. Mais existe-t-il vraiment un amour heureux ailleurs que dans l’absence des promesses ? Existe-t-il vraiment un Âmour heureux ailleurs que dans la fusion de deux âmes ?
Combien d’illusions ai-je côtoyées avant de saisir que le désespoir est ailleurs ? Combien de mensonges me suis-je avouée avant d’atteindre une vérité infinie ? Il y a dans aimer, autant de métaphores que de fantasmes. Autant d’écritures que de saisons. Il y a dans le plaisir, la contraction de la blessure.
J’ai épuisé l’espoir, abandonné l’attente. J’ai brisé ces chaînes qui rudoient la réalité. L’aveuglement ne nait pas de l’amour mais d’une conviction. De l’obstination à chercher en l’autre ce qui ne réparera jamais l’Avant. De l’acharnement à vouloir ce qui nous éloigne toujours un peu plus de nous-même. L’aveuglement nait de l’imitation du bonheur. De l’entêtement du geste cherchant l’aurore à chaque pas.
Ici…. fut notre temple. La composition d’un Nous qui a traversé pores et veines. Ce lieu où tout résiste, tout subsiste même le renoncement. Surtout le renoncement. Un lieu où l’amour se purifie à chaque épuisement de jours. L’échec s’efface mot après geste. Souffle après souvenirs. Silence après regains.
Tout y est empreintes. Et l’encore et le jamais. Et ta prose et Mano. Et l’absence et Hier. Stigmate de ce que je suis après toi… avant moi. L’âme y transcende ses limites. Elle y tutoie notre invisible au combien parfumé.
Il est des pas qui ne s’effaceront jamais. Des vertiges qui ne cesseront jamais de tourner.
Et c’est la nuit que résonne ta voie. L’obscurité illumine le silence. Tout se joue dans cet instant qui précède la larme et qui suit la douleur. Lorsqu’à fermer les yeux, les cieux deviennent la source. Lorsqu’à Ecrire se joint l’ivresse. Lorsqu’à refaire l’Âmour, l’indicible s’élève.
Ici ? Le choix n’a plus de frontières. Et j’aime à penser que mon âme y rejoint la tienne. Que nos doigts ne se parleront plus, mais se feront à jamais la tendresse et l’union. Et j’aime à te vivre là. Juste et toujours encore plus profond. Juste et toujours suffisamment près pour déshabiller l’aussi loin.
Le manque tremble oui. Et la douleur s’émerveille toujours un peu plus à me reconnaître. Mais existe-t-il vraiment un amour heureux ailleurs qu’ici ?
Car ici, je n’attends plus.
Je te vis.
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( Musique Christophe Jacquelin
Photo : Aneta Ivanova )