Extrait d’abstraction
Il y a dans désaimer, cette chair que l’on voudrait oubli mais que la douleur maintient en vie. Lente agonie de souvenirs qui suffoquent de n’avoir jamais été désirés. Vaincus mais toujours victorieux. De ces caresses que le temps a emporté au gré des vents qui tournent, virevoltent et qui reviennent inlassablement nous insuffler des restes, des fragrances, l’écho d’un avoir aimé avec condition, l’adieu et ses jouissances.
Il y a dans désaimer, la déchirure d’une peau fragilisée de mains, l’éclatement d’un repaire, ce berceau où veillait un amour mort-né. La déchirure de débris d’heures, de feuilles mortes aux printemps quand l’espoir à peine sur ses pieds a foutu le camp dans d’autres contrées chimériques.
A trop écrire en survie, se toisent l’ombre de tes yeux et ma peau qui s’essouffle.
Il doit bien y avoir quelque part, un endroit réceptacle de ces pensées trop usées de te posséder. Un lieu où se jouent l’amour et sa mort comme se déchirent les pages d’une histoire aboutie. Un lieu où se noient la mémoire et ces mots au combien jamais dits. Un cimetière dédié aux sentiments d’amants perdus dans les abîmes de l’illusion. Il doit bien y avoir quelque part, un caveau refuge de l’attente où déposer ces jours qui me harcèlent, cette voix fantôme qui me rabâche et me tue toi.
Catangèle